Maxime Rodinson

Maxime Rodinson est un historien, sociologue, marxiste et orientaliste autodidacte né le 26 janvier 1915 et mort le 23 mai 2004.



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Islamologue - Autodidacte - Naissance en 1915 - Décès en 2004 - Intellectuel - Essayiste ou théoricien marxiste - Marxisme - École pratique des hautes études - Historien français - Sociologue français

Maxime Rodinson est un historien, sociologue, marxiste et orientaliste autodidacte né le 26 janvier 1915 et mort le 23 mai 2004.

Biographie

Ses parents étaient des communistes juifs russo-polonais ayant fui les pogroms de Russie pour s'installer à Paris et moururent dans «l'abattoir industriel»[1] d'Auschwitz en 1943. Rodinson étudia les langues orientales et devint professeur d'éthiopien classique (le guèze) à l'École Pratique des Hautes Études. En 1949 il soutient une thèse à l'EPHE, IVe section (Histoire) et devient Docteur en Histoire[2]. Il devint l'un des plus grands orientalistes contemporains, ayant dédié sa vie à l'étude de l'islam ainsi qu'aux civilisations arabes. Historien des religions, il parlait l'arabe, l'hébreu, le turc et le guèze.

Il fut membre du Parti communiste français de 1937 à 1958. Il quitta le parti par refus des implications de l'appartenance partisane qu'il concevait comme une forme d'engagement religieux. Il est réputé pour sa biographie de Mahomet (1961), étude matérialiste des conditions d'émergence de l'islam ainsi qu'une série de livres rédigés tout au long de sa vie sur les rapports entre les doctrines issus de la pensée de Mahomet et les conditions sociaux-économiques des sociétés musulmanes.

Rodinson est aussi réputé pour ses positions sur le conflit israélo-palestinien, ayant œuvré depuis 1967 à une négociation entre Juifs et Palestiniens, critiquant la politique israélienne de colonisation et d'humiliation des Palestiniens mais également l'illusion palestinienne d'une lutte armée à l'algérienne où les colons seraient chassés

Professeur de Langues orientales et marxiste sans parti

En 1948, Rodinson obtient le poste de responsable de la section islam à la Bibliothèque nationale à Paris. En 1955, il est appelé directeur d'études à l'École pratique des hautes études, et professeur de guèze quatre ans plus tard. Il quitte le Parti communiste français en (1958) mais reste marxiste. Il est accusé d'opportunisme et suspecté de vouloir favoriser sa carrière. Mais sa décision était basée sur son agnosticisme, il considérait qu'être membre d'un parti était comme suivre une religion, il voulait renoncer à «l'étroite subordination des efforts à la lucidité des exigences de mobilisation, même pour de justes causes.»

Il devient connu dans les années 1960 lorsqu'il publie au Club français du livre Mahomet en 1961, une biographie de la vie du prophète de l'islam rédigée d'un point de vue sociologique, biographie toujours bannie dans certains pays arabes. Cinq ans plus tard, il publie une étude du déclin économique des sociétés musulmanes, Islam et Capitalisme. Il devient après la guerre israélo-arabe de 1967 un porte-voix de la cause palestinienne en France, et se revendique de l'antisionisme. Il obtient le prix de l'Union rationaliste en 1995.

Le conflit palestinien

Rodinson gagne la réputation de porte-parole de la cause palestinienne après un article, «Israël, fait colonial ?», paru dans un numéro spécial, consacré à la guerre israélo-arabe de 1967, de la revue de Jean-Paul Sartre, les Temps Modernes. Son engagement précédait cet article, il avait assisté à un meeting à la Mutualité pour la cause palestinienne quelques mois jusque là, il avait vécu dans une famille communiste antisioniste et il faisait lui-même état de ces opinions. Durant la même période, il crée le Groupe de recherches et d'actions pour la Palestine avec son collègue Jacques Berque.

Il considérait que la cause palestinienne fournissait un fond de commerce à la droite antisémite ainsi qu'à la gauche maoïste. Il appelait les Palestiniens à populariser leur cause auprès des Européens de gauche, les prévenant du danger d'une lecture religieuse du conflit qui pourrait ternir la réputation de leur juste cause :

«dans l'ardeur du combat idéologique contre le sionisme, les Arabes les plus influencés par une orientation religieuse musulmane saisiraient les vieux et populaires préjugés contre les juifs généralement.»

Son antisionisme est basé sur deux reproches : le sionisme imposait aux juifs du monde entier une identité et une idéologie nationaliste d'une part, et le sionisme judaïsait des territoires au prix de l'expulsion et de la domination des palestiniens d'autre part. De son point de vue exprimé dans un discours de 1969 devant l'Assemblée populaire égyptienne :

«[les juifs israéliens étaient] un groupe hétérogène de gangs d'occupants qui pourraient être renvoyés d'où il venait avec la plus grande facilité.»

En 1972, il rédige l'article «Sionisme» pour l'Encyclopædia universalis. Il conclut sur un «jugement éthique» :

Le sionisme est un cas particulièrement spécifique de nationalisme. Si une critique de type purement nationaliste est désarmée devant lui, par contre une critique universaliste est intellectuellement plus fondée. Par définition, elle ne peut se limiter à mettre en balance les avantages et les inconvénients du sionisme pour les Juifs. Elle soulignerait en particulier, en dehors des conséquences générales de la définition nationaliste de la totalité juif, le tort énorme fait au monde arabe par le projet réalisé du sionisme politique centré sur la Palestine : aliénation d'un territoire arabe, cycle de conséquences conduisant à la subordination ainsi qu'à l'expulsion d'une partie particulièrement importante de la population palestinienne[3].

Sa vision du conflit israélo-palestinien change au fils des années, le fait national israélien devenant évident. Israël ne pouvait plus être regardé seulement comme un État de colonisateurs mais également comme une communauté ethnico-nationale de fait. Les juifs israéliens avaient des droits collectifs que les Palestiniens se devaient d'honorer :

«S'il y a deux groupes ethniques ou plus dans le même pays, et si le danger de la domination de l'un par l'autre est à éviter, alors ces deux groupes doivent être représentés comme des communautés différentes à un niveau politique, ainsi qu'à chacune doit être accordé le droit de défendre ses intérêts et aspirations.»

C'est pourquoi il était en désaccord avec l'OLP, considérant que leur idée d'une guérilla sur le modèle algérien du FLN (qui avait réussi à chasser les colons français) était une dangereuse illusion. Dans le même temps, il appelait les Israéliens à abandonner leur prétention à faire partie de l'Europe, et d'accepter d'être un pays du Moyen-Orient, alors, d'apprendre à vivre avec ses voisins, de reconnaître les injustices faites aux Palestiniens et d'adopter un langage de conciliation et de compromis.

Etudier l'islam d'un point de vue sociologique

Les travaux de Rodinson combinent les outils de la sociologie avec les théories marxistes, ce qui l'aida à :

«ouvrir mes yeux et me faire comprendre et dire que le monde de l'Islam était sujet des mêmes lois et tendances comme le reste de la race humaine.»

Ainsi, son premier livre était une étude de Mahomet (Mahomet, 1961), replaçant Mahomet dans son contexte social. Ce livre est une étude rationaliste qui essaya d'expliquer les origines économiques et sociales de l'islam. Dans son œuvre suivante, Islam et Capitalisme (1966) (titre faisant écho à la fameuse thèse de Max Weber sur l'émergence dans la même période du capitalisme et du protestantisme en Europe), il essaya de vaincre deux préjugés : le premier répandu en Europe suivant lequel l'islam était un frein au développement du capitalisme, et le second préjugé, répandu chez les musulmans, selon lequel l'islam était égalitaire. Il mettait en lumière les éléments sociaux, les forces sociales en jeu, voyant l'islam plutôt comme un facteur neutre. À travers toutes ses œuvres suivantes, il mettra en évidence la relation entre les doctrines inspirées par Mahomet et les structures économiques et sociales dans le monde arabo-musulman.

Notes

  1. voir Souvenirs d'un marginal, pages 45 et 46, «Mon père s'installa par conséquent à Paris et ne quitta plus la France, sauf pour de courts voyages… et aussi pour son ultime calvaire, son transfert forcé vers l'abattoir industriel d'Auschwitz.»
  2. n° 000495719, BN SF BN. Maxime Rodinson thèse EPHE IVe section, Histoire. (1949)
  3. Article complet

Bibliographies

Œuvres

Sur Maxime Rodinson

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