Jean-François Lyotard

Jean-François Lyotard, né à Versailles le 10 août 1924 et mort à Paris le 21 avril 1998, est un philosophe français associé au post-structuralisme et en particulier réputé pour son usage conceptuel de la notion de postmoderne.



Catégories :

Philosophe français - Philosophe du XXe siècle - Historien de la philosophie - Historien de la philosophie allemande - Pensée postmoderne en France - Naissance en 1924 - Décès en 1998 - Philosophie continentale - Essayiste ou théoricien marxiste - Marxisme - Personnalité de Socialisme ou barbarie - Enseignant de l'Université Paris VIII - Naissance à Versailles

Jean-François Lyotard

Jean-François Lyotard, né à Versailles le 10 août 1924 et mort à Paris le 21 avril 1998, est un philosophe français associé au post-structuralisme et en particulier réputé pour son usage conceptuel de la notion de postmoderne.

Il est le père de Corinne Enaudeau, aussi philosophe, spécialiste de son œuvre mais aussi de celle de Derrida.

Biographie

Communiste anti-autoritaire, Jean-François Lyotard a participé dans les années 1950 au groupe «Socialisme ou barbarie», qui était alors sur des positions conseillistes et dénonçait l'URSS comme une forme de capitalisme d'État. En 1959, Jean-François Lyotard quitte «Socialisme ou barbarie» pour fonder une nouvelle organisation d'ultra-gauche qui prendra le nom de «Pouvoir ouvrier». Il milite ensuite contre la guerre d'Algérie.

Il a aussi participé à la revue Critique, dirigée par Jean Piel.

Sous le nom de Jef, il fait partie des personnages du roman Pierrot-la-lune, de Pierre Gripari, qui fut son camarade d'études.

Mort en 1998, Jean-François Lyotard a été enterré à Paris, au Cimetière du Père-Lachaise.

Legs académique

Un colloque international lui a été consacré à Paris du 25 au 27 janvier 2007 au Collège international de philosophie.

La condition postmoderne : rapport sur le savoir (1979)

Article détaillé : La condition postmoderne.

Probablement l'essai le plus connu et le plus cité de Lyotard, La condition postmoderne - rapport sur le savoir (1979) a popularisé, à tort ou à raison, l'expression de «postmodernisme». La thèse centrale de Lyotard est que les progrès des sciences ont à la fois rendu envisageable et exigé la fin de la crédulité à l'égard des métarécits de la Modernité, qui visent à donner des explications englobantes et totalisantes de l'histoire humaine, de son expérience et de son savoir. Les deux grands récits narratifs qui justifiaient le projet scientifique des Lumières seraient, selon lui, le métarécit de l'émancipation du sujet rationnel d'une part, et d'autre part le métarécit hégélien de l'histoire de l'Esprit universel. Or, après Auschwitz d'une part, ainsi qu'à cause de l'informatisation de la société et du passage à une société post-industrielle, le savoir scientifique perdrait ces légitimations; le savoir est alors réduit à une simple «marchandise informationnelle», dénuée de toute légitimation [1].

Le différend (1983)

La pensée de Lyotard est complexe à classer; on la place fréquemment au carrefour de la philosophie, de la linguistique et de la critique littéraire. Lyotard a d'ailleurs participé à toutes ces sphères du savoir contemporain, et on l'associe fréquemment à la discipline de la littérature comparée. Dans la lignée de Roland Barthes, Jacques Derrida et de la critique du concept d'auteur, Lyotard rédigé une fable postmoderne, véritable «critique du sujet». Il a d'autre part travaillé sur la question du négationnisme.

De tous ses livres, un ouvrage semble occuper un lieu spécifique dans l'œuvre : en quatrième de couverture du Différend, Lyotard en parle comme son «livre de philosophie». Cet essai se place ostensiblement dans la catégorie de la philosophie du langage. Lyotard, qui y met en cause la "présence" du sujet moderne de la connaissance (dont il avait montré le "métarécit de l'émancipation" dans La condition postmoderne; rapport sur le savoir) dit qu'au départ "il y a une phrase" : on ne sait ni qui la prononce, ni ce qu'elle dit, ni à qui elle est adressée. La phrase est la figure par laquelle se fonde sa vision du langage et des rapports qu'il entretient avec la pensée.

Lyotard ouvre son propos sur la question du négationnisme, prenant l'exemple de Robert Faurisson, qui nie l'existence même des chambre à gaz. Lyotard interroge alors le concept de témoignage et sa relation avec l'entreprise de destruction systématique des juifs d'Europe, mais aussi le rapport entre témoignage, histoire (des historiens), (dé) négations de l'histoire historienne et des témoignages, (im) possibilité de témoigner pour le «musulman», etc. Il montre ainsi ce qui sépare le témoignage impossible de sa propre destruction de la science historienne. Influencé par les réflexions de Primo Levi, ces interrogations au sujet du témoignage ont été reprises par Giorgio Agamben. De cette prémisse découle tout le reste de son propos, qui met en cause les grandes présuppositions de la pensée moderne et annonce le besoin de nouveaux paradigmes.

En général, la pensée occidentale moderne présuppose la possibilité d'un consensus sur certains référents "extra-textuels" (le temps, l'espace, la loi, la justice, l'être, etc. ), des référents qui existent en dehors de leur présentation dans une conversation, un texte rédigé ou un document audio-visuel. Lyotard soutient que le statut "extra-textuel" de ces référents est problématique et qu'il n'existe pas de plate-forme universelle sur laquelle penser l'émergence et l'historicité de ces référents, qui doivent toujours être présentés dans une phrase qui en invente le concept, en quelque sorte. Pour que la phrase "la séance est levée" ait un sens, il faut qu'une autre phrase ait contextualisé les concepts de "séance" et de "lever une séance"; ces deux concepts ne vont pas de soi, ne sont pas des objets susceptibles d'être saisis par une conscience universelle; ils sont toujours propres à un certain discours.

Lyotard insiste énormément dans le Différend sur le concept de "jeux de langage", qu'il emprunte au philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein, un penseur qui, quoiqu'associé à la philosophie analytique anglo-saxonne, s'en démarque par son refus (dans les Investigations philosophiques, surtout) de certains "éléments simples" donnés a priori.

Le langage n'est pas un objet statique qu'on pourrait définir a priori. Il est plutôt composé de certains jeux, dont les règles changent à mesure que leurs participants y portent des coups. "Raconter", "juger", "interroger", "analyser" sont tous des jeux différents qui ont leur règles propres. Lyotard soutient qu'il n'existe pas de plate-forme universelle où on pourrait juger de tous ces jeux de langage. Dans toute phrase, il y a infailliblement un "différend". Un discours savant, inscrit dans le jeu du savoir positif, ne pourra pas "s'entendre" avec un discours de l'expérience phénoménologique, ou d'une expérience ésotérique, qui ont tous deux droit de cité dans la pensée contemporaine.

De même, pour reprendre son exemple tiré du discours marxiste, le travailleur qui fait face au patron subira un "tort" si sa force de travail est traitée comme une marchandise, puisque, pour le travailleur, ce travail fait partie de son être, de son expérience de vie, et qu'on fait violence à cette expérience en l'assimilant à un objet pouvant être marchandé, exploité pour du profit. Le jeu de langage du patron fait subir un tort au discours du travailleur si ce dernier n'a pas les moyens de faire valoir son point de vue. La discussion de ces deux jeux ne peut pas se faire dans un espace neutre, un espace du "litige" où une règle universelle permettrait de trancher le débat.

Pour Lyotard, le litige est une fiction moderne; elle procède de l'illusion d'un espace en dehors de l'histoire, en dehors de l'idéologie, l'espace que semble présupposer un grand pan de la philosophie analytique du XXe siècle. Le langage procède plutôt du "différend" : la phrase qui présente la "cause" (qu'on doit comprendre ici dans le contexte d'un procès) est toujours intéressée et historique; elle répond toujours aux impératifs d'une certaine "perspective" qui fera tort aux perspectives qui lui sont opposées.

Lyotard insiste, en terminant, sur l'importance de donner droit de cité à des discours, des nouveaux "jeux de langage", qui permettent aux nouveaux torts de se dire et de s'écrire. L'essai porte avec lui une vision politique manifeste qui n'est jamais portée à l'avant-plan, et qui néenmoins en forme le prétexte (une caractéristique propre à d'autres textes lyotardiens comme Discours, figure, La condition postmoderne ou L'enthousiasme où il positionne le savoir comme une arme idéologique).

Pensée esthétique

Lyotard s'est énormément consacré aux questions esthétiques, et d'une manière qui cherche à rompre avec la perspective hégélienne, chez qui l'art devait se penser comme matérialisation de l'esprit. La pensée de Lyotard sur l'art moderne et contemporain s'est portée sur quelques artistes qui lui permettaient de mettre l'accent sur les problématiques-phares de la pensée française après la seconde guerre mondiale, soit la relation figure-fond et la maîtrise conceptuelle de l'artiste comme auteur : Paul Cézanne et Wassily Kandinsky mais aussi Valerio Adami, Daniel Buren, Marcel Duchamp et Barnett Newman.

Références

  1. La condition postmoderne, p. 12. Cité par Maxime Rovere, Jean-François Lyotard, philosophiste, Magazine littéraire.

Bibliographie

(Bibliographie sélective des principaux ouvrages de Jean-François Lyotard)


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"Jean-François Dumais"

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