Jacques Ellul

Jacques Ellul est un professeur d'histoire du droit, penseur, historien, théologien protestant et sociologue français.



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Naissance à Bordeaux - Écrivain français du XXe siècle - Essayiste français - Sociologue français - Juriste français - Universitaire français - Enseignant à l'Université de Bordeaux - Professeur de droit - Théologien protestant - Militant chrétien - Marxologue - Marxisme - Anarchiste - Anarchiste chrétien - Écologie politique - Personnalité de la décroissance - Personnalité de la Gironde - Naissance en 1912 - Décès en 1994 - Personnalisme

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  • Jacques Ellul est de ces hommes du fait desquels je suis resté dans l'Université... Ellul, Jacques. 1961. Histoire des institutions de l'antiquité. Paris... (source : jlp.universite.free)
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  • Lorsqu'il entre à la Faculté de Bordeaux, Jacques Ellul est sinon converti au christianisme... Le Quotidien de Paris, Ouest-France et Sud-Ouest Dimanche.... (source : ellul)
Jacques Ellul
Naissance 6 janvier 1912
Bordeaux
Décès 19 mai 199482 ans)
Pessac
Nationalité France France
Profession (s) historien, théologien
et sociologue

Jacques Ellul (1912 - 1994) est un professeur d'histoire du droit, penseur, historien, théologien protestant et sociologue français.

Il est , aux côtés de Habermas, Heidegger, Simondon et Leroi-Gourhan, l'un des principaux penseurs au XXe siècle de la technique.

Études et carrière universitaire

Après ses études de droit, en 1936, il présente sa thèse de doctorat en droit intitulée Étude sur l'évolution et la nature juridique du Mancipium. Il est ensuite chargé de cours à la faculté de Droit de Montpellier, puis Strasbourg et Clermont-Ferrand, avant d'être révoqué en 1940 comme fils d'étrangers. Il réussit le concours d'agrégation de droit romain et d'histoire du droit en 1943. De 1944 à 1980, date de son départ à la retraite, il enseigne à l'université de Bordeaux ainsi qu'à Sciences Po Bordeaux (IEP)  : surtout l'histoire des institutions et l'histoire sociale à la Faculté de Droit.

Thèses principales et engagements

Après une révélation à 18 ans qui le mettra sur la voie du christianisme, et une lecture poussée de Karl Marx à 19 ans, Jacques Ellul fait des études de droit. Ses premiers engagements se situent dans la mouvance personnaliste des non-conformistes des années 30, en animant à Bordeaux, avec son ami Bernard Charbonneau, un groupe en liaison avec la revue Esprit et le groupe Ordre nouveau.

C'est la face la plus connue de sa pensée grâce à Aldous Huxley qui découvre et fait connaître La technique, ou L'enjeu du siècle aux États-Unis.

Il entreprend, avec Bernard Charbonneau, un travail de recherche et de réflexion sur l'évolution de la société moderne, en constatant que la disparition du monde rural respectant les traditions s'accompagne d'une technicisation et d'une normalisation croissantes de l'homme comme de son milieu. Toute sa vie intellectuelle et ses engagements seront consacrés à analyser méthodiquement les multiples conséquences de cette «grande mue» en anticipant nombre des interrogations de la réflexion écologiste.

Tout au long de plusieurs ouvrages, il a mené une étude critique de ce qu'il nomme «le dispositif technicien» (titre d'un livre paru en 1977) – la technique étant selon lui le facteur déterminant de la société moderne – surtout dans une trilogie sur la technique, dans laquelle il développe sa thèse, exemples à l'appui et en suivant l'évolution du phénomène technique. Thèse selon laquelle la technique s'auto-accroît, imposant ses valeurs d'efficacité et de progrès technique, niant l'homme, ses besoins, sa culture, mais aussi la nature. Bruno Latour rédigé en 2000 : «les techniques appartiennent au règne des moyens et la morale au règne des fins, même si, comme Jacques Ellul en a témoigné il y a bien longtemps, certaines techniques finissent par envahir tout l'horizon des fins en se donnant à elles-mêmes leurs propres lois, en devenant "auto-nomes" et non plus uniquement automatiques»[1].

Parallèlement à ses travaux novateurs sur la description et l'analyse «dispositif technicien», Ellul a mené un travail sur le phénomène de la propagande dans les sociétés modernes avec surtout son maître livre sur la question intitulé Propagandes (1962, traduit aux États-Unis en 1965[2]). Ses travaux servent toujours de base à l'étude de ce phénomène complexe et multiforme[3], [4], [5], [6], [7], [8], [9], [10], [11]. Il analyse surtout la distinction entre une «propagande politique» peu ou prou perceptible à des degrés divers dans l'ensemble des régimes institutionnalisés et une «propagande sociologique», phénomène contemporain du développement au XXe siècle des société de masse dans lesquelles l'individu est positionné au cœur d'un jeu d'influences à la fois citoyennes (démocratie ou régime totalitaire) et sociétales (mode de vie, idéologie).

La sociologie n'est pas l'unique domaine de Jacques Ellul et son œuvre est partagée entre les travaux qu'il a menés comme théologien, historien et sociologue. Depuis 1945, il rédige plusieurs articles dans le journal protestant Réforme[12], qui lui a consacré un hors série en 2004.

Militant anarchiste, intéressé par la pensée situationniste, il avait proposé à Guy Debord une collaboration, mais ce dernier refusa, considérant logiquement le christianisme d'Ellul comme rédhibitoire[13]. Commentateur de la pensée et des dérives marxistes, il a contribué à la mise en place de l'écologisme politique. Il a livré aussi ses réflexions sur l'anarchisme chrétien. On lui doit ainsi nombreux travaux théologiques sur les aspects subversifs et libérateurs de l'Évangile[14], mais aussi sur la «perversion» que la révélation chrétienne aurait subie[15], ainsi qu'une interprétation de l'Apocalypse et une réflexion sur l'éthique et l'espoir.

On peut le considérer, avec son ami Ivan Illich comme un des pères de l'idée d'après-développement, de décroissance raisonnée et de simplicité volontaire, ou, plus simplement, de l'écologie politique.

Jacques Ellul a aussi passé la fin de sa vie à dénoncer une incompatibilité entre le judéo-christianisme et l'islam, puisque ce dernier réclame l'ensemble des droits pour lui-même lorsqu'il est minoritaire et les refuse aux autres lorsqu'il est ou devient majoritaire[16].

  • Islam et judéo-christianisme, Presses Universitaires de France (PUF)
  • Étude sur l'évolution et la nature juridique du Mancipium. Bordeaux : Delmas, 1936.
  • Le fondement théologique du droit. Neuchâtel : Delachaux & Niestlé, 1946.
  • Présence au monde moderne : Problèmes de la civilisation post-chrétienne. Geneva : Roulet, 1948. Lausanne : Presses Bibliques Universitaires, 1988.
  • Le livre de Jonas. Paris : Cahiers Bibliques de Foi et Vie, 1952.
  • L'homme et l'argent (Nova et vetera) . Neuchâtel : Delachaux & Niestlé, 1954. Lausanne : Presses Bibliques Universitaires, 1979.
  • La technique ou l'enjeu du siècle. Paris : Armand Colin, 1954. Paris : Economica, 1990.
  • Histoire des institutions, t. 1 & 2 : L'Antiquité Paris : Presses Universitaires de France, 1955
  • Histoire des institutions, t. 3 : Le Moyen Age Paris : Presses Universitaires de France, 1956
  • Histoire des institutions, t. 4 : XVIe-XVIIIe siècle Paris : Presses Universitaires de France, 1956
  • Histoire des institutions, t. 5 : Le XIXe siècle (1789–1914) Paris : Presses Universitaires de France, 1956.
  • Propagandes. Paris : A. Colin, 1962. Paris : Economica, 1990
  • Fausse présence au monde moderne. Paris : Les Bergers et Les Mages, 1963.
  • Le vouloir et le faire : Recherches éthiques pour les chrétiens : Introduction (première partie) . Geneva : Labor et Fides, 1964.
  • L'illusion politique. Paris : Éditions Robert Laffont, 1965. Rev. ed.  : Paris : Librairie Générale Française, 1977.
  • Exégèse des nouveaux lieux communs. Paris : Calmann-Lévy, 1966. Paris : La Table Ronde, 1994.
  • Politique de Dieu, politiques de l'homme. Paris : Éditions Universitaires, 1966.
  • Histoire de la propagande. Paris : Presses Universitaires de France, 1967, 1976.
  • Métamorphose du bourgeois. Paris : Calmann-Lévy, 1967. Paris : La Table Ronde, 1998.
  • Autopsie de la révolution. Paris : Calmann-Lévy, 1969.
    • Autopsia de la revolución Unión Editorial, S. A., 1973
  • Contre les violents, Paris : Centurion, 1972.
    • Contra los violentos, Ediciones SM, 1973.
  • Sans feu ni lieu : Signification biblique de la Grande Ville. Paris : Gallimard, 1975.
  • L'impossible prière. Paris : Centurion, 1971, 1977.
  • Jeunesse délinquante : Une expérience en province. Avec Yves Charrier. Paris : Mercure de France, 1971.2ª ed.  : Jeunesse délinquante : Des blousons noirs aux hippies. Nantes : Éditions de l'AREFPPI, 1985.
  • De la révolution aux révoltes. Paris : Calmann-Lévy, 1972.
  • L'espérance oubliée. Paris : Gallimard, 1972.
  • Éthique de la liberté, 3 vols. Geneva : Labor et Fides, I :1973, II :1974, III :1984
  • Les nouveaux possédés. Paris : Arthème Fayard, 1973.
  • L'Apocalypse : Architecture en mouvement. Paris : Desclée, 1975.
  • Trahison de l'Occident. Paris : Calmann-Lévy, 1975.
  • Le Dispositif technicien, Calmann-Lévy, 1977.
  • L'idéologie marxiste chrétienne. Paris : Centurion, 1979.
  • L'empire du non-sens : L'art et la société technicienne. Paris : Press Universitaires de France, 1980.
  • La foi au prix du doute : "Encore quarante jours... " Paris : Hachette, 1980.
  • La Parole humiliée. Paris : Seuil, 1981.
    • La palabra humillada Ediciones SM, 1983.
  • Changer de révolution : L'inéluctable prolétariat. Paris : Seuil, 1982.
  • Les combats de la liberté. (Tome 3, L'Ethique de la Liberté) Geneva : Labor et Fides, 1984. Paris : Centurion, 1984.
  • La subversion du christianisme. Paris : Seuil, 1984, 1994. réédition en 2001, La Table Ronde;
  • Conférence sur l'Apocalypse de Jean. Nantes : AREFPPI, 1985.
  • Un chrétien pour Israël. Monaco : Éditions du Rocher, 1986.
  • Ce que je crois. Paris : Grasset and Fasquelle, 1987.
  • La Genèse actuellement. Avec François Tosquelles. Ligné : AREFPPI, 1987.
  • La raison d'être : Méditation sur l'Ecclésiaste. Paris : Seuil, 1987
  • Anarchie et christianisme. Lyon : Atelier de Création Libertaire, 1988. Paris : La Table Ronde, 1998
  • Le bluff technologique. Paris : Hachette, 1988.
  • Ce Dieu injuste... ? : Théologie chrétienne pour le peuple d'Israël. Paris : Arléa, 1991, 1999.
  • Si tu es le Fils de Dieu : Souffrances et tentations de Jésus. Paris : Centurion, 1991.
  • Déviances et déviants dans notre société intolérante. Toulouse : Érés, 1992.
  • Silences : Poèmes. Bordeaux : Opales, 1995.
  • Oratorio : Les quatre cavaliers de l'Apocalypse. Bordeaux : Opales, 1997.
  • Sources and Trajectories : Eight Early Articles by Jacques Ellul that Set the Stage. Trans. /ed. Marva J. Dawn. Grand Rapids : Eerdmans, 1997.
  • La pensée marxiste, La Table Ronde, 2003.
  • Les successeurs de Marx, La Table Ronde, 2007.
  • Ellul par lui-même, La Table Ronde, 2008.
  • Israël, Chance de civilisation, Première Partie, 2008

Le film de Godfrey Reggio Koyaanisqatsi lui rend hommage dans son générique de fin comme l'un des cinq inspirateurs du film, Guy Debord et Ivan Illich étant parmi deux des autres noms cités.

Jacques Ellul semble avoir été énormément plus populaire aux États-Unis que dans son université de Bordeaux. Une rue porte cependant son nom dans le quartier Sainte-Croix, qui abrite deux établissements d'enseignement supérieur (l'IUT de Communication et les cours de musicologie au conservatoire). L'Institut d'Études Politiques (Sciences Po) de Bordeaux a d'autre part baptisé l'amphithéâtre où se donnent les enseignements de Sociologie Politique "Amphi Ellul".

Ivan Illich le considère comme un des «pères» de sa pensée.

  1. Bruno Latour, «La fin des moyens», Réseaux. Communication – Technologie – Société, Année 2000, Volume 18, Numéro 100 p. 39.
  2. Evonne Levy décrit ce livre comme «the most important work on propaganda in the twentieth century» in Propaganda and the Jesuit Baroque, University of California Press, 2004, p. 62.
  3. Elwis Potier, «Propagande et psychologie politique», Cultures & Conflits, 67, automne 2007, Lire en ligne.
  4. Mark Vollæger le décrit comme «the foremost theorist of propaganda and its effects» in «Conrad's Darkness Revisited : Mediated Warfare and Modern (ist) Propaganda in Hear of Darkness and "the Unlighted Coast"», Conrad in the Twenty-First Century : Contemporary Approaches and Perspectives, Routledge, p. 72.
  5. «Both Ellul and Doob have contributed seminal ideas to the study of propaganda» écrivent Garth S. Jowett et Victoria O'Donnell in Propaganda and Persuasion, 2006. p. 4.
  6. « (... ) the points he made are very thought-provoking, and are both original and relevant today» rédigé Ron Schleifer in Psychological Warfare in the Intifada : Isræli And Palestinian Media Politics And Military Strategies, 2007, p. 10.
  7. «The work of Ellul is significant and remains so» notent Jacquie L'Etang et Magda Pieczka in Public Relations : Critical Debates and Contemporary Practice, 2006, p. 30.
  8. «Literature dealing with the phenomena of propaganda outside of biblical studies has mushroomed in the second half of the twentieth century and is far too vast to be considered here. The classic text is Jacques Ellul, Propaganda (New York, Knopf, 1968) » rédigé Eric A. Seibert in Subversive Scribes And the Solomonic Narrative : A Rereading of 1 Kings 1-11, 2006, p. 6.
  9. Danielle Maisonneuve, Les Relations Publiques Le Syndrome de la Cage de Faraday, 2004, p. 42.
  10. Michæl Rinn, Les discours sociaux contre le sida rhétorique de la communication publique, 2001, p. 51.
  11. «Über diesen unbewussten Wunsch nach Propaganda hat Jacques Ellul ein auch heute noch lesenswertes Buch geschrieben : Propagandes. » rédigé Norbert Bolz in Blindflug mit Zuschauer, Fink Wilhelm GmbH + Co. KG, 2004, p. 191.
  12. "Réforme"
  13. «Ellul avait proposé à Debord, lequel trouvait certains de ses livres "très remarquables", de travailler avec lui. Ce fut non. Croire était rédhibitoire.», Jean-Luc Porquet, «Préface, Ellul l'avait bien dit» in Le Dispositif technicien, Le Cherche-Midi, 2004, p. 7.
  14. Anarchie et christianisme, Sans feu ni lieu
  15. Idem. On la retrouvera aussi chez son ami Ivan Illich, sous la maxime coruptio optimæ qua est pessimæ
  16. «Non à l'intronisation de l'Islam en France», Réforme, 15 juillet 1989. [lire en ligne]

  • Patrick Chastenet, Entretiens avec Jacques Ellul, La Table Ronde, 1994 (ISBN 2-7103-0637-9) .
  • Jean-Luc Porquet, Jacques Ellul - L'homme qui avait presque tout prévu, Le Cherche-midi, 2003, (ISBN 9782749100692) .
  • Frédérique Rognon, Jacques Ellul - Une Pensée en dialogue, Labor et Fides, 2007, (ISBN 9782830912395) .
  • Patrick Troude-Chastenet, Lire Ellul, Presses universitaires de Bordeaux, 1992 (ISBN 2-86781-129-5) .
  • Patrick Troude-Chastenet, Sur Jacques Ellul, L'Esprit du temps, 1994 (ISBN 2-908206-41-2) .
  • Patrick Troude-Chastenet, Jacques Ellul. Penseur sans frontières, L'Esprit du temps/diffusion PUF, 2005, (ISBN 2-84795-068-0) .

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