Mouvement maoïste en Belgique

Au début des années 1960, suite à la rupture sino-soviétique, le maoïsme se répand au sein des membres du Parti communiste belge, les poussant à s'organiser hors de l'organisation «révisionniste», c'est-à-dire pro-soviétique.



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Maoïsme - Courant d'inspiration marxiste - Marxisme - Ancien parti politique belge

Au début des années 1960, suite à la rupture sino-soviétique, le maoïsme se répand au sein des membres du Parti communiste belge, les poussant à s'organiser hors de l'organisation «révisionniste», c'est-à-dire pro-soviétique. La mouvance maoïste, première à s'organiser en Europe, perdure jusqu'à actuellement en Belgique, tandis qu'elle a presque disparu des autres pays européens.

Le début des maoïstes belges : 1963

Le 22 décembre 1963, est fondé, sous la conduite de Jacques Grippa (un des dirigeants bruxellois du Parti communiste belge et héros de la résistance communiste), le Parti communiste de Belgique, issu d'une scission du Parti communiste belge, fidèle à l'URSS. [1]. En Wallonie, il agissait sous le nom de Parti communiste wallon (PCW) .

Disposant de moyens financiers importants (reçus de Chine), le parti lança un hebdomadaire, La Voix du Peuple et ouvrit une librairie à Bruxelles, Le Livre international[1]. Le PCB de Grippa allait être chargé par le PCC d'organiser et d'aider les mouvements ML européens reconnus par Pékin. La Belgique deviendra la "plaque tournante" du mouvement maoïste européen.

Le 23 mai 1965, le parti se présente aux élections législatives. Lors de la campagne, un colleur d'affiche du Parti communiste belge, Marcel Seys sera tué par un militant du Parti communiste de Belgique[1].

Suite aux conflits internes déchirant le régime chinois et l'enclenchement de la Révolution culturelle, le PCC puis le Parti du Travail d'Albanie cessèrent tout contact avec le Parti communiste de Belgique en août 1967, sous prétexte des positions supposées pro-Liu Shaoqi de Jacques Grippa (positions qu'adopte le Parti communiste de Belgique en 1968) [1].

Le Parti communiste de Belgique connu plusieurs scissions entre 1965 et 1967 :

Opposés à leurs débuts, le PCB (ml) (anciennement PCW (ml) ) et le PCMLB (mais aussi leurs journaux, Clarté et L'Exploité) fusionnèrent, en 1973. En 1976, les anciens militants du PCB (ml) scissionnèrent et lancèrent un nouveau parti : le Parti communiste révolutionnaire (PCR). Basé à Charleroi, ce parti ne dépassera pas le stade groupusculaire. Le PCR éditera à nouveau L'Exploité (qui perdurera jusqu'en 2000). Le PCMLB se renomma, au milieu des années 80, en Parti communiste pour l'unité progressiste (PCUP).

Les «mao-spontex» en Belgique : les années post-68

Après Mai-68, d'autres organisations maoïstes vont voir le jour. Elles étaient fréquemment d'"orientation" mao-spontex et fondées par des jeunes ex-grippistes séduits par la Révolution culturelle maoïste. La majorité de ces organisations vont se succéder les unes aux autres, après des conflits internes le plus fréquemment :

Union et désunion des communistes marxistes-léninistes de Belgique : les années 70-80

C'est dans l'objectif de fonder un parti, comme instrument pour la révolution, que TPT allait faire la place en 1972, avec l'apport du "Comité Joseph Staline pour l'Unité rouge", à :

En Flandre, la principale organisation ML, de type «ouvriériste» et spontanéiste, était Alle macht aan d'arbeiders (Amada, Tout le pouvoir aux travailleurs). Amada fut fondé, en 1970, par des étudiants catholiques séduits par la Révolution maoïste et engagés dans les grèves sauvages des mineurs dans le Limbourg belge flamand. Ce n'est qu'en 1975, qu'une "branche" francophone d'Amada va apparaître, sous le nom de Tout le pouvoir aux ouvriers (TPO). L'organisation ML sera renforcée en 1976 par l'arrivée de plusieurs dissidents de l'UCMLB. Amada-TPO, en 1979, se transforme en Partij van de Arbeid van België - Parti du travail de Belgique (PVDA-PTB). Ni Amada-TPO ni le PVDA-PTB ne seront reconnus par les autorités communistes chinoises.

Les autres organisations marxistes-léninistes belges francophones des années 1970 étaient :

Pour sa part, le Mouvement unifié belge des étudiants francophones (MUBEF, syndicat représentatif des étudiants universitaires) se positionnera sur une ligne marxiste-léniniste. Il faut savoir que les maoïstes de Lutte communiste y étaient particulièrement actifs.

L'influence de la Révolution culturelle maoïste se remarquait toujours :

Le courant révolutionnaire armée, incarné par les Cellules communistes combattantes (CCC), se revendiquera lui aussi d'un marxisme-léninisme radical. Mao et Staline figuraient parmi les références majeures des CCC, mais aussi les groupes de sa mouvance : Ligne rouge (1983-1986), collectif Correspondances révolutionnaires (1986-1997), Lutte pour le Communisme (1987-1988), collectif Classe contre Classe (1988-1989, premier du nom) et le Comité d'agitation et de propagande communiste (1992-1994). Le combat politique de ces groupes se poursuivra en 2003 au sein d'un nouveau collectif, Classe contre Classe (deuxième du nom). Ce dernier fait partie des principaux piliers du Bloc marxiste-léniniste. Les CCC considéraient en bloc les syndicats, le parti socialiste, le parti communiste et le mouvement pacifiste comme des adversaires. Il s'agissait de conscientiser la classe ouvrière par des attentats spectaculaires. Les attentats des CCC visèrent des cibles particulièrement diverses : entreprises, organisations politiques, militants du mouvement pour la paix comme Pierre Galand en octobre 1985. Leur action a servi de prétexte à un renforcement énorme de l'arsenal répressif. Les rapports entre les CCC la Fraction armée rouge (RAF) et Action directe (AD) ont été assez complexes. Tout d'abord, les trois organisations ont coopéré régulièrement. En 1985, les CCC ont rompu avec AD et la RAF, refusant leur ligne anti-impérialiste, lui préférant la ligne marxiste-léniniste des Brigades rouges et des GRAPO. Plus tard, les CCC accusèrent AD d'avoir créé de toutes pièces sa propre filiale en Belgique, le Front révolutionnaire d'action prolétarienne (FRAP).

Le courant maoïste régionaliste wallon

Depuis son apparition, en 1963, une tendance «wallonne» co-existait dans le mouvement maoïste de Belgique. Jacques Grippa lui-même avait mis en avant la «conception» des trois peuples constituant la Belgique : les peuples flamand, bruxellois et wallon. En Wallonie, le PCB-Grippa agissait directement sous le nom de Parti communiste wallon (PCW). En novembre 1965, le PCW fut à la base d'un éphémère "Front populaire wallon". Par la suite, les partis communistes qui ont poursuivi le combat pro-maoïste en Belgique, le Parti communiste wallon (marxiste-léniniste) (PCW (m-l) ) d'Arnold Hauwært et le Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique (PCMLB) de Fernand Lefebvre poursuivront le combat wallon.

En septembre 1982, le PCMLB, le Parti communiste révolutionnaire (PCR, issu de la scission de 1976 du PCMLB conduite par les anciens du PCW (m-l) ) et l'organisation Pour le Socialisme (PLS) lancèrent un "Manifeste pour une Wallonie indépendante, progressiste et démocratique".

Aux élections municipales d'octobre 1982, le PCMLB participa dans la ville de Mons (son fief) à la liste de l'Union démocratique et progressiste wallonne (UDPW), un cartel du Parti communiste avec «divers wallingants», dont des militants du Rassemblement wallon (RW). Fernand Lefebvre fut le candidat officiel du PCMLB sur la liste de l'UDPW. Plusieurs candidats du Parti communiste révolutionnaire figuraient pour leur part sur des listes du Rassemblement populaire wallon (RPW, dissidence du RW apparue en octobre 1981) déposées dans diverses communes de la région de Charleroi. Le PCMLB nomma aussi à voter pour les listes du RPW.

Dans l'organisation "crypto-maoïste" Pour le Socialisme, un "courant wallon" avait aussi vu le jour. En 1984, ce courant tentera de lancer une nouvelle structure : le Mouvement socialiste révolutionnaire wallon (MSRW), et un nouveau journal, Agir. Malgré l'énergie dépensée par ses initiateurs, le MSRW disparaîtra l'année suivante.

Dans les années 1990, le combat wallon restera toujours soutenu par le Parti communiste révolutionnaire et son journal L'Exploité. Ce dernier apportera son appui, en 1993, à un éphémère «Mouvement des communistes de Wallonie» (MCW), situé dans la commune de Gilly. La même année, dans le prolongement du MCW, un appel pour fonder un «Regroupement communiste de Wallonie» (RCW) est lancé (le quotidien Le Soir lui consacrera un écho, le 10 janvier 1994). Les militants de L'Exploité participeront au RCW qui n'aura qu'une particulièrement courte existence.

Par la suite, le leader historique du PCR, Arnold Hauwært, poursuivra son engagement dans le mouvement wallon en devenant l'animateur des cercles walligants le "Coq d'Aousse" et "Vivre en Wallonie". Après la dissolution du PCR et la fin de la publication de L'Exploité, Arnold Hauwært rejoindra, en 2002, le Club républicain wallon - pour l'indépendance, la dignité et la liberté de la Wallonie. À sa manière, Arnold Hauwært soutiendra toujours le maoïsme. En 2003, à l'occasion des élections législatives, il sera l'une des "personnalités" à signer l'appel public pour voter pour la liste déposée à Charleroi par le Parti du Travail de Belgique. En 2006, l'ex-figure emblématique des maoïstes de Charleroi était toujours le rédacteur en chef de La Dépêche de Wallonie, la publication électronique de l'association Vivre en Wallonie.

Les diverses initiatives évoquées ci-dessus ont singularisé l'émergence et l'activité d'une petite mouvance régionaliste wallonne de gauche radicale héritière directe du courant maoïste. Une mouvance intégrée dans le mouvement populaire wallon.

Marxistes-léninistes (ML) des années 1990-2000

Aujourd'hui (2006), deux formations entretiennent toujours d'une façon ou d'une autre l'héritage du maoïsme en Belgique :

Ex-maoïstes toujours bien actifs

Le mouvement maoïste, comme le mouvement trotskiste, certes minoritaire sur l'échiquier politique, a été cependant particulièrement important au cœur de la gauche belge et des luttes sociales. Il a attiré vers lui des centaines d'étudiants. La majorité de ceux-ci furent des militants ML exemplaires et connus pour leur radicalité. Certains de ceux qui ont rompu avec le «gauchisme» s'intégreront dans la société belge, tout en restant actifs sur le plan politique, social ou culturel. Ainsi actuellement, parmi les ex-maoïstes, il se trouve, par exemples : un député européen Ecolo (il venait de Lutte communiste et de la revue Contradictions), le patron de l'une des plus importantes maisons d'éditions (ancien du journal Pour et de l'organisation Pour le Socialisme), plusieurs professeurs d'université et d'avocats de renom (provenant des jeunesses grippistes, de Lutte communiste, de l'UCMLB, d'Amada-TPO... ), des dirigeants du parti socialiste et de la confédération syndicaliste socialiste FGTB (ex-militants de l'UCMLB, de Lutte communiste... ), etc.

Sources

Notes et références

  1. Christophe Bourseiller, Les maoïstes, La folle histoire des gardes rouges français , Points, 2008

Voir aussi

Sur les marxistes-léninistes de Belgique

Liens externes

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"Gauche (politique) : 218"

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