Révolution culturelle au Tibet

En 1966, éclata la révolution culturelle en Chine. Le 18 août 1966, un million de gardes rouges sont réunis sur la place Tian'anmen à Pékin...



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En 1966, éclata la révolution culturelle en Chine. Le 18 août 1966, un million de gardes rouges sont réunis sur la place Tian'anmen à Pékin et quelques semaines plus tard la révolution culturelle atteint le Tibet et ceux sont 20 000 gardes rouges tibétains qui investissent la capitale Lhassa[1], se livrent à l'ensemble des déprédations et se combattent en factions rivales.

Les gardes rouges inspirés par les principes du Petit Livre rouge devinrent le bras actif de la révolution culturelle. Ils remirent en cause toute hiérarchie surtout la hiérarchie du parti communiste chinois alors en poste. Les intellectuels furent, de même que les cadres du Parti, publiquement humiliés, les mandarins et les élites bafouées. Des milliers de sculptures et de temples (bouddhistes pour la majorité) furent détruits dans la totalité de la Chine.

Cette révolution permit à Mao Zedong de reprendre le contrôle de l'État et du Parti communiste.

L'origine des gardes rouges au Tibet

Le tibétologue Gilles Van Grasdorff évoque le rôle des enfants tibétains déplacés lors des évènements de la révolution culturelle au Tibet :

«Les enfants retirés entre 1951 et 1955 ont été éduqués au communisme maoïste. Certains étaient parmi le million de gardes rouges sur la place Tian'anmen le 18 août 1966. Ce sont ces jeunes Tibétains qui investiront Lhassa quelques semaines plus tard.».

Selon l'intellectuel et écrivain chinois[2], Wang Lixiong, la majorité des gardes rouges qui parvinrent dans la Région autonome du Tibet étaient «des étudiants tibétains revenant des universités chinoises»[3].

L'historien Tsering Shakya indique que les gardes rouges «sentaient que le Tibet et les Tibétains devaient être "révolutionnarisés", et se voyaient eux-mêmes comme des révolutionnaires avancés venus avec élèves attardés dans une région sous-développée» et eurent un effet dévastateur sur la culture tibétaine[4].

Tenzin Chœdrak qui était le médecin personnel du 14e Dalai Lama[5] a été emprisonné pendant 17 ans dans les prisons du Tibet[6], [7]. Il indique que «Dès septembre 1966, à Lhassa comme dans les autres camps du Tibet, les gardes rouges étaient tous des Tibétains. Ils parlaient idéalement le chinois, mais tous comprenaient notre langue. Chaque après-midi, ils nous imposaient la lecture des journaux de propagande»[8].

Les exactions des gardes rouges

Le Tibet a souffert qui plus est grands excès toujours que d'autres parties de la Chine de la part des gardes rouges. [9]


La profanation de tombes

Durant la révolution culturelle dans les régions tibétaines, les tombes de certains grands maîtres bouddhistes furent profanées. Ainsi, la tombe de Tsongkhapa au monastère de Ganden fut détruite par les gardes rouges qui contraindre un lama tibétain, Bomi Rinpoché, à jeter au feu la momie de Tsongkhapa. [10], [4]. De même, les dépouilles des précédents Panchen-Lamas furent profanées par les gardes rouges. [11]

La destruction du patrimoine culturel

Certains monastères ont été détruits par les bombardements durant l'intervention militaire chinoise au Tibet (1950-1951) , et le soulèvement tibétain de 1959, mais la majorité furent détruits au cours de la révolution culturelle. [4] Les objets culturels en métaux précieux ont été pillés ou fondus. Plus de 6000 temples et monastères ont été partiellement ou complètement détruits[12], [13], [14].

Il semble que la nature et l'extension des destructions soient impossibles à déterminer avec exactitude à cause de l'absence de tout recensement des lieux saints du Tibet avant les événements. C'est ce que fait remarquer l'auteur d'un projet de cartographie du Tibet :

«Si on dit que plus de 2000 monastères et lieux-saints ont été détruits par les Gardes Rouges (... ), personne ne peut en apporter la liste, ni les localiser sur une carte. On attend toujours qu'un tibétologue rédige une liste et une description des lieux saints du Tibet» [15].

Les atteintes aux personnes

Selon les auteurs de l'ouvrage Le Livre noir du communisme, la révolution culturelle serait responsable de la mort d'entre 400.000 et 1 million de personnes dans la totalité de la Chine.

Pour le Tibet et selon des sources pro-tibétaines sur un total de 592 000 moines et nonnes, plus de 110 000 seraient torturés et mis à mort et 250 000 défroqués de force. Les objets culturels en métaux précieux sont pillés ou fondus. Plus de 6000 temples et monastères seront partiellement ou complètement détruits[16], [17], [18].

Famine au Tibet

Selon Pierre-Antoine Donnet, la famine refit son apparition lors de la révolution culturelle au Tibet. Au Tibet central, en 1970, il y avait plus de 1000 communes populaires, chacune collectivisant 100 à 200 familles. En décembre 1995, il y en avait à peu près 2000 dans près de l'ensemble des contés du Tibet central (U-Tsang). Dans ces communes populaires, les cadres chinois imposèrent la culture du blé et des récoltes annuelles, tandis que les Tibétains cultivaient habituellement l'orge, plus adapté aux fragiles sols du plateau du Tibet, et alternant 1 année de récolte et une année de friche pour permettre aux sols de se reconstituer. Il en résultat un épuisement des sols, de maigres récoltes, diminuant énormément la production céréalière, vidant le grenier à grains que formait le Tibet avant 1950, et entraînant de nouvelles famines sévères dans certaines régions du Tibet. Cette situation fut aggravée par les préparatifs de guerre engagés à la fin des années 1960 par Mao. L'armée chinoise était prioritaire pour la distribution de céréales, même au Tibet, où plusieurs centaines de milliers de soldats étaient stationnés le long des frontières avec l'Inde. De plus, le gouvernement chinois envoya des dizaines de milliers de colons chinois au Tibet durant la révolution culturelle, et au Tibet central, l'immigration massive a véritablement commencé à partir de 1975. [19]

La guerre civile au Tibet

Les différents points de vues de cette période

La vision d'historiens occidentaux

Selon le sinologue Simon Leys : «La révolution culturelle, qui n'eut de révolutionnaire que le nom, et de culturelle que le prétexte tactique d'origine, fut une lutte pour le pouvoir menée au sommet entre une poignée d'individus, derrière le rideau de fumée d'un fictif mouvement de masse[20]». Pour l'historien et communiste Eric Hobsbawm, la révolution culturelle a été une «campagne contre la culture, l'éducation et l'intelligence sans parallèle dans l'histoire du XXe siècle[21]».

La vision maoïste de cette période

Selon la revue Revolutionary Worker [22], les forteresse féodales qu'étaient les milliers de monastères furent vidées et démantelées lors d'un gigantesque mouvement de masse. Ce démantèlement, selon l'ensemble des récits disponibles, fut l'œuvre quasi-exclusive des serfs tibétains eux-mêmes, conduits par des militants révolutionnaires. Les objets de culte, à l'exception de pièces de grande valeur historique, furent détruits en public pour briser les superstitions séculaires. Les matériaux de construction furent redistribués aux gens pour construire maisons et routes, et les forces armées révolutionnaires dynamitèrent fréquemment les vestiges. Tel fut le verdict de la Révolution culturelle sur les monastères et leur nature de classe : plus jamais ils ne vivraient des souffrances des masses. De ce point de vue, ce démantèlement fut non pas une «destruction insensée», un «génocide culturel» mais un acte politique conscient de libération du peuple.

La vision du gouvernement tibétain en exil

Bibliographie

Références

  1. Source :Université de Laval au Québec
  2. Wang Lixiong, un intellectuel atypique
  3. Article «Réflexions sur le Tibet» de Wang Lixiong paru dans la New Left Review dont des extraits ont été traduits dans le Courrier International du 21 au 27 novembre 2002
  4. Une histoire du Tibet : Conversations avec le Dalaï Lama, de Thomas Laird, Dalaï-Lama, Christophe Mercier, Plon, 2007, ISBN 2-259-19891-0
  5. The Art of Tibetan Medicine
  6. Statement by Dr. Tenzin Chœdrak before US Congress, 8 mai 1996
  7. Victim of Chinese Torture in Tibet
  8. Conversation privée de Gilles Van Grasdorff avec Tenzin Chœdrak relatée dans le livre La nouvelle histoire du Tibet de Gilles Van Grasdorff Édition Perrin 2006 Pages 419
  9. Tibet : A lorsque l'Indépendance ?, par Armeline Dimier, Institut d'Etudes Politiques de Grenoble
  10. Death of a controversial lama : Obituary of Bomi Rinpoche (1918-2002) (TIN)
  11. The Panchen Lama Is Dead at 50; Key Figure in China's Tibet Policy, New York Times, 30 janvier 1989, Nicholas D. Kristof
  12. 'Tibet : Proving Truth from Facts', The Department of Information and International Relations : Central Tibetan Administration, 1996. p. 85. «Out of Tibet's total of 6, 259 monasteries and nunneries only about eight remained by 1976. Among those destroyed were the seventh century Samye, the first monastery in Tibet; Gaden, the earliest and holiest monastic university of the Gelugpas; Sakya, the main seat of the Sakyas; Tsurphu, one of the holiest monasteries of the Kagyuds; Mindroling, one of the most famous monasteries of the Nyingmapas; Menri, the earliest and most sacred Bon monastery, etc. Out of 592, 558 monks, nuns, rinpoches (reincarnates) and ngagpas (tantric practitioners), over 110, 000 were tortured and put to death, and over 250, 000 were forcibly disrobed.»
  13. Monastic Education in the Gönpa sur http ://www. tibetanculture. org. «More than 6, 000 monasteries in Tibet were destroyed in the 1960s and 1970s following the Chinese invasion of Tibet»
  14. Religion and culture sur http ://www. savetibet. org. «Approximately 6, 000 monasteries, nunneries and temples, and their contents were partially or fully destroyed from the period of the Chinese invasion and during the Cultural Revolution»
  15. Projet de cartographie du Tibet.
  16. 'Tibet : Proving Truth from Facts', The Department of Information and International Relations : Central Tibetan Administration, 1996. p. 85. «Out of Tibet's total of 6, 259 monasteries and nunneries only about eight remained by 1976. Among those destroyed were the seventh century Samye, the first monastery in Tibet; Gaden, the earliest and holiest monastic university of the Gelugpas; Sakya, the main seat of the Sakyas; Tsurphu, one of the holiest monasteries of the Kagyuds; Mindroling, one of the most famous monasteries of the Nyingmapas; Menri, the earliest and most sacred Bon monastery, etc. Out of 592, 558 monks, nuns, rinpoches (reincarnates) and ngagpas (tantric practitioners), over 110, 000 were tortured and put to death, and over 250, 000 were forcibly disrobed.»
  17. Monastic Education in the Gönpa sur http ://www. tibetanculture. org. «More than 6, 000 monasteries in Tibet were destroyed in the 1960s and 1970s following the Chinese invasion of Tibet»
  18. Religion and culture sur http ://www. savetibet. org. «Approximately 6, 000 monasteries, nunneries and temples, and their contents were partially or fully destroyed from the period of the Chinese invasion and during the Cultural Revolution»
  19. Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, Édition Gallimard; 1990 : Nouv. éd. augm 1993, ISBN 2070328023
  20. Simon Leys, Les Habits neufs du président Mao, Champ Libre, 1971.
  21. Eric Hobsbawm, L'Âge des extrêmes. Histoire du court XXe siècle, 1914-1991, Complexe, 2003, p. 652.
  22. Cf The True Story of Maoist Revolution in Tibet Red Guards and People's Communes, Revolutionary Worker #752, April 17, 1994 : (... ) In a huge mass movement, the many monasteries of Tibet were emptied and physically dismantled.
    Supporters of Tibetan feudalism often say this dismantling was "mindless destruction" and "cultural genocide. " But this view ignores the true class nature of these monasteries. These monasteries were armed fortresses that had loomed over the peasants'lives for centuries. (... ) These fortresses provoked justified fear that the old ways might return--one conspiracy after another was plotted behind monastery walls. Dismantling these monasteries was anything but "mindless. " These were conscious political acts to liberate the people!
    All available accounts agree that this dismantling was done almost exclusively by the Tibetan serfs themselves, led by revolutionary activists. Mass rallies of ex-serfs gathered at the gates, daring to enter the holy sanctums for the first time. The wealth stolen from them over centuries was revealed to all. Some especially valuable historic artifacts were preserved for posterity.
    Valuable building materials were taken from fortresses and distributed among the people to build their houses and roads. (... ). Often idols, texts, prayer flags, prayer wheels and other symbols were publicly destroyed--as a powerful way of shattering century-old superstitions. As a final comment on restorationist dreams, the ruins were often blown sky high by the revolutionary armed forces.
    (... ) But the verdict of the Cultural Revolution was that these monasteries should never again exist as feudal fortresses living from the suffering of the masses.
  23. Archives de sciences sociales des religions

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